Ludéclectisme

- Ne vous fiez pas à sa boîte !

Draco Mundis est un jeu dont la boîte ne paye pas de mine sur les étagères de votre revendeur préféré : correctement illustrée, la boîte est plutôt petite et discrète. Mais à l'intérieur, c'est tout autre chose : 4 petits sachets d'une dizaine de pions chacun, chacun bénéficiant d'une belle impression sur un carton très agréable au toucher. Le tout dépunché d'avance, car chez Hazgaard, ils ont pensé aux accidents de dépunchage et veulent nous éviter larmes et hurlements lors de cette délicate opération (non, je n'exagère pas, ma moitié peut en témoigner...^_^)

Une équipe de Dracomundis au complet
Pions terrains et personnages : pour ces derniers, le chiffre en bas à droite est leur force, les flèches indiquent dans quel sens ils se déplacent et le chiffre dans la flèche de combien de cases.

Quant au plateau, il est sobre mais de la même texture que les pions et donc très agréable à l'oeil et au doigt. Seul bémol dans tout ce petit mais beau matériel, les paravents qui ne servent qu'en début de partie. Beaucoup trop fins pour jouer correctement leur rôle, ils sont nantis d'un récapitulatif des capacités des personnages, malheureusement accessible aux seules personnes affichant un 10/10 à chaque oeil !

- Toi aimer Boelinger ? Toi rester alors !

Le système est du Boelinger tout crâché ! Des pions cachés en début de partie ; des persos qui se déplacent sur un plateau en damier ; des bastons quand ils se rencontrent ; des capacités spéciales ; plusieurs sources de points de victoire. Bref, afficionados, vous ne serez pas dépaysés. Néophytes, cela constituera une bonne introduction à ce type de jeu.

Le but du jeu est simple : ramener des points de victoire, cela en élminant les persos adverses, en prenant le contrôle de certains pions terrains ou en détruisant/s'infiltrant dans le camp adverse.

Mais alors, quoi de neuf par rapport à un Dungeon Twister ? D'abord, le fait que cela peut se jouer de base à 4, sans besoin d'extension. Mais surtout, le fait que l'on a une phase de pose au préalable de tous les pions  faces cachées. Il va donc non seulement faire preuve de tactique en prévoyant de mettre côte à côte les pions qui vont bien ensemble, mais aussi faire preuve de mémoire car vous ne saurez pas toujours où vous avez placé vos propres forces....

Un aperçu du plateau, ici dans une configuration à deux joueurs
Seuls les explorateurs ne sont jamais cachés puisqu'ils permettent de révéler les autres.

Une fois tout ce petit monde posé, on a deux actions chacun son tour : révéler un pion, pivoter, se déplacer, chercher des crosses à ses petits camarades... tout cela coûte une action. D'où des choix plus que cornéliens !! Mais rassurez-vous, à la vitesse où ça meurt, vous ne serez finalement pas si débordés que cela. La partie se finit lorsque le dernier pion caché est révélé.

Au final, je préfère ce jeu au hit de Boelinger, le fameux Dungeon Twister. Sans doute parce ce dernier, plus tactique, peut très vite devenir très froid et trop calcultoire. Ici, le chaos s'est immiscé (surtout à 4) et rajoute du fun et de la surprise, un cocktail qui me sied plus !

Les plus :
+ un matos bien agréable à l'oeil et au toucher, belle surprise pour une petite boîte
+ un jeu qui se joue aussi bien à 2 qu'à 4 : plus tactique à 2, plus chaotique à 4 pour varier les plaisirs
+ un temps de jeu relativement court, des tours rapides, pas trop le temps de s'ennuyer
+ moins froid que Dungeon Twister

Les moins :
- comment peut-on faire de si jolis pions et des paravents aussi bof ?
- plus chaotique pour les fanas de tactique pure
- demande concentration, mémoire : ne pardonne pas l'erreur

Les liens :
Le site officiel du jeu
La vidéo sur TricTrac

- Un hit en puissance, une controverse également

Aujourd'hui, spotlight sur le jeu de cette fin d'année, le très controversé Dominion édité en français par nos amis québecois de Filosophia.

Pourquoi controversé ? Parce que c'est un jeu de cartes vendu au prix d'un jeu de plateau et que dans le petit monde souvent agité du forum de Tric Trac, cela suffit à certains membres pour déclencher des polémiques qui n'ont pas lieu d'être ! Mais c'est aussi pour cela qu'on l'aime notre forum ludique préféré !

Controversé encore, parce que beaucoup doutent de la longévité du jeu et craignent la répétition à moyen terme. Evidemment, si vous enchainez les parties en ligne sur les serveurs dédiés aux jeux de plateau comme Brettspielwelt, la lassitude risque d'apparaître assez vite. Mais si vous jouez à l'ancienne, c'est-à-dire avec de véritables personnes autour d'une non moins concrète table, il n'y a pas plus de risque que pour tout autre jeu.

- Dissection de la bête !

Alors, cessons de tourner autour du pot et penchons nous sur l'animal. Il est vrai qu'à l'ouverture de la boîte, on peut être étonné : point de plateau à déployer, point de petits cubes en bois attendant d'être palpés par les doigts agiles des amateurs du jeu à l'allemande, point de brouettes de dés à balancer pour les fanatiques du jeu à l'américaine. Non, en lieu et place de tout cela, 500 cartes correctement illustrées attendant lovées dans leurs paquets.

Et là, on doit faire face au premier problème/défaut du jeu : il va falloir protéger tout cela, ce qui implique soit de faire chauffer la plastifieuse, soit d'investir dans de petites pochettes plastiques. Une fois les cartes protégées, on tombe sur le deuxième (et dernier) défaut du jeu : mais où vais-je ranger 500 cartes plastifiées qui ne tiennent plus désormais dans leur belle boîte thermoformée ?

- Un système très original

Passons sur ces détails matériels pour nous concentrer sur le coeur du système. Là, j'ai eu le coup de foudre, ludique ! Le jeu consiste à se bâtir un jeu de cartes = un deck, dans lequel vous veillerez à glisser des cartes domaines qui sont les seules aptes à vous apporter des points de victoires. Et c'est là que consiste la première réussite du jeu : vous construisez votre deck au fur et à mesure, partant de 10 cartes de départ pour généralement atteindre un deck d'une trentaine de cartes à la fin.

Votre main de départ
Trois points de victoire, 7 pièces de cuivre pour acheter tout ce dont vous aurez besoin

Chacune des cartes que vous intégrerez dans votre deck a un coût monétaire que vous paierez avec la monnaie que vous avez en main. Vous pourrez ainsi acheter des cartes de monnaie rapportant plus - or, argent - pour vos investissements futurs ; des cartes  d'actions augmentant la pioche, le nombre d'actions possibles, etc ; bien sûr des cartes d'attaque, crasse sans lesquelles ce ne serait pas drôle ; des cartes domaines qui sont tout de même le but du jeu !

Un exemple de deck en fin de partie
Ici, le joueur a particulièrement insisté sur les cartes de pioche et la monnaie.

C'est là qu'intervient votre sens tactique, puisqu'il vous faudra faire des choix cornéliens : investir dans des cartes d'actions pour faire tourner votre deck plus vite ? Investir dans la monnaie pour pouvoir directement acheter de gros domaines ? Des crasses pour faire perdre du temps à vos adversaires ? Choix à faire d'autant plus rapidement qu'en ce qui concerne les cartes actions et attaques, leur nombre est limité à 10 pour chacune et que vos adversaires auront sans doute les mêmes idées que vous !

Deuxième point fort du jeu : 25 cartes actions différentes, dont vous ne sélectionnez que 10 d'entre elles, ce qui permet aux parties de se renouveler à chaque fois. Cette sélection peut se faire au hasard ou en choisissant au préalable si vous souhaitez jouer dans une certaine configuration.

Un exemple de table de départ
Les dix paquets d'actions, ainsi que les paquets de monnaie et domaines.

Au final, un jeu qui ravira entre autres les joueurs de Magic, ainsi que tous ceux qui aiment piocher/mélanger/comboter. La prise en main se fait rapidement - comptez sur un bon quart d'heure d'explications - et l'addiction se développe de la même façon, tant on a envie de réessayer d'autres tactiques/combinaisons. J'attends avec une grande impatience les extensions qui multiplieront encore les possibilités !

Les plus :
+ un système original dans lequel il est très agréable de construire son propre jeu
+ idéal pour des débutants ou des nostalgiques
+ ...mais qui ne néglige pas les gros joueurs au vu des possibilités
+ une capacité à se renouveler assez impressionnante d'une partie à l'autre, en fonction de la table de départ

Les moins :
- des cartes en nombre manipulées à outrance, donc protection obligatoire
- un rangement complexe, surtout si les cartes sont plastifiées
- il fait aimer brasser les cartes, car on mélange son deck et sa défausse en permanence

Les liens :
La page officielle sur Filosofia
Si vous voulez tester en ligne

- Magic, Magic, toujours Magic !

Evidemment, c'est du Magic, pas du plateau et qui plus est plus une nouveauté qui n'en est plus une depuis un mois déjà ! Mais comment dire... Je m'en cogne !

Parce que j'aime Magic depuis plus d'une décennie (qui a parlé d'une belle histoire d'amour ?)
Parce que pour une fois que Wizards of the Coast a une attitude commerciale positive, il faut l'encourager.
Parce qu'enfin dans Ludéclectisme, il y a éclectisme. Donc na !

- Mais que trouve-t-on dans cette boîte ?

Alors quoi de neuf dans le petit monde de Magic et de son million d'extensions toutes plus coûteuses les unes que les autres ? Eh bien justement, une petite boîte qui n'est pas une extension, mais qui contient deux decks prêts à jouer, cela vaut le coup d'être remarqué.

Pour les anciens, il n'y aura pas grand chose à se mettre sous la dent, si ce n'est la réédition de quelques cartes fort appréciées - Fait ou fiction, Incinération, Contresort - avec de nouvelles illustrations.

Pour les débutants, il y a deux decks jouables de suite à peu près équilibrés (même si le rouge lagne plus facilement), dotés de stratégies différentes - rouge axé sur les dégâts directs, bleu sur le contrôle - bref l'idéal pour apprendre un jeu dont l'épaisseur des FAQ de règles, n'a d'égale que la taille du compte en banque de Richard Garfield (le concepteur du dit jeu).

Les deux arpenteurs qui donnent leur nom au duel deck
Quand l'eau rencontre le feu !

Bien sûr, ce type de production est fait pour appâter la vache à lai... euh le joueur qui sommeille en chacun de nous, mais rien n'oblige à investir par la suite dans le jeu standart et ses multiples extensions. D'autant qu'il a moyen de varier les plaisirs car ce Dual deck n'est pas le premier, il existe déjà une version Gobelins vs Elfes et un Anges vs Démons est d'ores et déjà prévu pour le printemps 2009.

Les deux paquets fournis
Deux decks de soixante cartes, du format standard

En résumé, un deck que je conseille vivement à ceux qui ont été tentés par Magic, mais n'y ont jamais donné suite, rebutés par l'aspect financier du jeu. Ou encore pour quelques nostalgiques de leurs anciennes cartes qui ont abandonné le jeu, là encore pour des raisons financières bien compréhensibles.

Les plus :
+ deux decks prêts à jouer pour un prix raisonnable
+ idéal pour des débutants ou des nostalgiques
+ de très belles illustrations, notamment pour les deux arpenteurs qui donnent leur nom aux decks
+ ne nécessite pas d'investissement supplémentaire

Les moins :
- cela reste du Magic avec tout ce que cela implique
- l’être humain est faible, si vous avez peur de replonger, passez votre chemin !

Les liens :

La liste des deux decks sur Magic Corporation

- Un jeu à thème fort

Nouveauté du salon d'Essen 2008, Les Géants de l'île de Pâques apporte un peu d'air frais dans la production actuelle. D'abord par son thème historique bien retranscrit (on construit des moaï sur l'île de Pâques à la gloire de nos dieux et l'on y gagne du prestige) ; par sa mécanique ensuite à la fois simple et complexe, favorisant l'interaction, voire la coopération forcée entre les joueurs.

Les véritables moaï...
Ou du moins ce qu'il en reste après des siècles
passés à contempler l'océan.

...Et ceux du jeu
Que vos courageux ouvriers vont devoir sculpter et transporter.

Testé par un froid et pluvieux samedi de Décembre, ce jeu a su nous transporter à l'autre bout du monde par la qualité de son matériel. Pas à dire, Matagot sait y faire et se bâtit peu à peu une solide réputation d'éditeur qui ne lésine pas sur le contenu !

- Sculptons, transportons, gagnons !

Quant à la mécanique, j'avoue que notre sympathique équipe de joueurs a quelque peu pataugé avant de s'y retrouver. Rien à redire sur la règle très claire, bien au contraire, mais nous n'étions pas suffisamment concentrés pour écouter notre maître ès règles, l'ami Predator. D'où nécessité de replonger dans les règles pendant le jeu, ce qui a un peu alourdi son déroulement. Mea Culpa ! On le refera plus ! Juré ! (ou presque)

Le jeu mélange à la fois une phase d'enchère - pour sélectionner le moaï que l'on désire sculpter - ; une phase de pause de nos différents pions - pour transporter le dit moaï, mais aussi pour recruter de l'ouvrier, couper du bois, etc - ; une phase de transport très bien pensée car les adversaires sont contraints de s'y entraider tout en gagnant beaucoup de points au passage.

Le plateau du jeu: l'île de Pâques dans toute sa splendeur !
Si ça c'est pas du beau plateau...

Les paravents du jeu
Non seulement superbes, mais nantis d'une aide de jeu très clair.

Au final, j'ai très envie d'y revenir pour tester plusieurs tactiques et plus simplement pour y passer un bon moment. A noter tout de même, qu'avec des joueurs très calculateurs, l'exercice prend vite de l'ampleur tant il y a de possibilités. ;)

Les plus :
+ thème bien rendu
+ matos de qualité
+ un enchaînement très logique de différentes mécaniques
+ des parties différentes en fonction de votre groupe : depuis le niveau familial jusqu'au niveau prise de tête

Les moins :
- petit défaut pour emboîter les coiffes des moaï sur ceux-ci
- à ne pas jouer avec des super calculateurs à moins d'en être un

Les liens :
Le site officiel du jeu
La vidéo sur Tric-Trac